Auteur : J. Boutillier, enseignant international en communication, certifié en coaching, hypnose ericksonienne et PNL, auteur de Prendre la parole en public.
Ce dossier présente une approche quadri-partite de la prise de parole en public : dimensions psycho-corporelle, émotionnelle, cognitive et comportementale. Un dernier chapitre présente quelques éléments de communication complémentaires.
– Dimension psycho-corporelle
– Dimension émotionnelle
– Dimension cognitive
– Dimension comportementale
– Eléments de communication
DIMENSION PSYCHO-CORPORELLE
1) Tensions corporelles
a) Le dialogue tonique :
x Tonus musculaire
La physiologie de l’individu présente deux types de muscles :
– Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou soumise au système nerveux végétatif.
– Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils permettent la mobilité du sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise au contrôle cérébral.
Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles sont maintenus dans un état de contraction partiel mais permanent : le tonus musculaire, qui permet par exemple de maintenir le corps dans une situation donnée. Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon l’individu.
x Régulation
Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de l’apprentissage de sa régulation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à une agression :
– Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément. Cette dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le problème. D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus musculaire, cette nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La tension devient chronique.
– Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne crée pas ou peu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis retrouver rapidement et aisément son état de départ.
x Fonction et dialogue tonique
La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu. Dans ses relations avec lui même, mais aussi avec son environnement.
Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue tonique que l’individu peut mettre en place. Répondre aux demandes de manière sereine, dans un corps libre et épanoui, établir une relation non-tensionnelle.
Ce dialogue est autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses spécificités. Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre appréciation de la vie en relation.
b) Zones de tension
Nous venons de le voir, il y a lien étroit entre degré de tension musculaire et relation avec les autres, le monde qui nous entoure. Chez un individu à l’aise dans une présentation orale, le corps est détendu, mobile et dynamique. L’énergie circule librement. Au contraire, les émotions, comme le trac, le stress, la peur vont agir sur la tension musculaire, à différents niveaux, provoquant rigidité et instabilité.
– Visage : les yeux, les mâchoires se crispent, provoquant la rigidité du visage.
– Nuque, cou et épaules : le haut du corps est raide, pesant. Le larynx se noue.
– Ventre plexus : la respiration se bloque, elle devient limitée et forcée.
– Dos fesses : l’assise du corps est rigide, inconfortable.
– Genoux, chevilles et pieds : l’équilibre est rigide (genoux) et instable.
D’un point de vue psycho-corporel, un travail de préparation à l’oral va donc entre autres consister à éduquer le sujet à prendre conscience de ces zones de tension pour pouvoir ensuite les remettre en cause.
Les paragraphes qui suivent, non-exhaustifs décrivent quelques éléments de cette remise en cause.
2) Respiration et enracinement
a) La respiration : la respiration est le révélateur du vécu émotionnel. Elle constitue en quelque sorte un septième sens, façon d’aborder le monde, de le percevoir et de le ressentir. Les informations qu’elle nous envoie sont donc à prendre en compte.
Poser son attention sur sa respiration c’est se donner un moyen supplémentaire d’appréhender sa propre présence dans le monde, un moyen bi-latéral : si mes émotions influent sur ma respiration, ma respiration influe sur mes émotions.
– Le ventre se dilate, libérant la descente du diaphragme.
– Le thorax et les épaules sont détendus.
– L’expiration correspond à un moment de détente musculaire, plus long que l’inspiration.
– il est préférable de respirer par le nez
Ce que l’on nomme « respiration ventrale » : pour respirer, il faut des muscles. Le diaphragme est le muscle le plus important de la fonction respiratoire.
– Dans une respiration libérée, le diaphragme s’abaisse à l’inspiration et monte à l’expiration. Il assure une respiration ample et abdominale.
– Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, le diaphragme est souvent bloqué. Des tensions musculaires contrarient la liberté du souffle, ce qui impose à l’individu un surcroît d’effort.
En redonnant sa mobilité au diaphragme, on accroît la ventilation pulmonaire, on masse le plexus solaire, on tonifie la région abdominale.
b) Se centrer
Se relaxer debout est une chose étrange, mais essentielle car adaptée au réel. Quand il y a difficulté, tension, mal-être, c’est en relation avec soi, les autres ou le monde. La position première est alors la station debout. Difficile position, lieu d’un dilemme entre exigences extérieures et ressentis intérieurs : être présent à soi et au monde. Position juste que l’enfant possède, installé dans son centre de gravité mais pervertie par les enjeux de nos exigences, celles des autres ou du monde qui nous entoure.
Ainsi déséquilibré, la confiance ne vient plus pour l’homme de ce qu’il est, corporellement et réellement, mais de ce qu’il pense, de ce qu’il sait ou de ce qu’il est pour les autres. Déséquilibre provoquant tensions, insécurité, rapports conflictuels, …
Se recentrer, c’est se retrouver pleinement : Homme debout, responsable, libéré, en pleine confiance, installé autant en lui-même que dans le monde qui l’entoure, ressentant un juste équilibre entre être et paraître, entre présence à soi et au monde.
Le hara : abondamment décrit, il s’agit du centre de gravité originel, expérimenté par l’enfant qui se tient debout : le bas-ventre. Naturel, ce centre a été expérimenté et vécu par tous. Là encore, il ne s’agit pas d’une construction de l’esprit ou d’une démarche artificielle mais d’un retour au source. Retrouver ce hara, l’intégrer, le faire sien, c’est se donner une base de lancement, un lieu essentiel d’épanouissement de l’être tout entier, une assise franche et solide au devenir de l’être.
Comme dans toute manifestation anxieuse, la dimension émotionnelle est importante à différents niveaux :
a) Emotions limitantes :
Les expériences participent d’abord à l’émotion. Dans le domaine de la prise de parole, les performances qui se sont mal passées ou on été mal vécues (ou les deux) sont autant d’empreintes traumatiques qui viennent colorer émotionnellement la performance orale.
On peut prendre l’image de dominos qui tombent, chacun entraînant l’autre. Ca n’est plus la situation vécue qui pose seulement problème, mais également le flot d’émotions récurrentes qu’elle provoque. Il convient donc de faire un “ménage” des émotions passée afin qu’elles ne viennent pas parasiter le vécu présent de manière automatique.
b) Emotions ressources :
L’être humain est une sorte d’archive, de mémoire d’expériences limitantes mais aussi d’expériences ressources. Chacun a vécu des expériences où il était calme, confiant, performant même si cela concerne d’autres domaines que la performance orale. Chacun connait ces émotions pour les avoir vécues. Elles sont présentes, à disposition. Ces expériences ressources sont à mobiliser et activer pour en faire des outils permettant de provoquer un état interne adapté à la performance orale.
Pour résumer : on peut donc désactiver des émotions limitantes et activer des émotions ressources.
c) S’appuyer sur ses émotions : être congruent
La congruence, c’est la correspondance entre ce qui est pensé, consciemment vécu et ce qui est exprimé, verbalement mais aussi non-verbalement. En conséquence, si il y a un écart entre ce qui est perçu et ce qui est exprimé, il y aura incongruence, relevée par le récepteur et venant nuire au message transmis en le brouillant ou le pervertissant. Toute communication, pour être efficace doit être congruente. Réussir une présentation orale, c’est prendre conscience de cette force de l’émotion quelle qu’elle soit. Etre soi-même (quelque soit l’émotion vécue) est le plus sur moyen d’établir une bonne relation et de faire passer son message.
DIMENSION COGNITIVE
Comme toute situation potentiellement anxiogène, la prise de parole en public est fortement à dominante cognitive. Ca n’est pas ici la réalité qui pose problème mais ce qui en est pensé.
1) Croyances, postulats
Les termes « schéma », « postulat », « croyance » à quelques nuances près sont employés indifféremment selon les auteurs. Ces schémas sont des composants stables, mis en place essentiellement lors d’expérience pendant la petite enfance.
Ces schémas sont inconscients. Avec le terme inconscient, nous sommes loin de l’emploi psychanalytique. Il faudrait plutôt le rapprocher du sens de mémoire à long terme, inexact mais moins ambigu.
Au gré de notre histoire, de notre sensibilité, de stress répétés pendant l’enfance, de traumatismes, d’exemples familiaux ou sociaux, nous emmagasinons tous des informations diverses dans la mémoire à long terme. Ses informations, dysfonctionnelles dans le cas de l’anxiété, sont stockées sous la forme de postulats, schémas…
Dans le cadre de l’anxiété, ces schémas reflèteront souvent :
– Une vision menaçante du monde extérieur
– Une vision défaillante du monde intérieur
– Une vision péjorative du futur
Quelques exemples :
– Une vision menaçante du monde extérieur :
« ils vont me juger » / on n’existe que quand on gagne »…
– Une vision défaillante du monde intérieur :
« je suis nul » / « je ne vais pas y a arriver » / « je n’ai rien d’intéressant à dire » / Je n’existe pas sans mes performances »…
– Une vision péjorative du futur :
« Je vais me planter » / « je vais bafouiller »…
2) Distorsions en tous genres
Si il y a anxiété, la lecture de la réalité s’éloigne dangereusement de la réalité elle-même. C’est ce que l’on appelle une lecture dysfonctionnelle.
A titre d’exemple, quelques pensées dysfonctionnelles :
– Lectures de pensées : l’individu pense savoir ce que pensent les autres sur lui-même.
Ex : « Ils me prennent pour un imbécile . »
– Affirmation sans preuve : ce sont la plupart du temps des prédictions aléatoires, à la forme négative.
Ex : « De toute façon, je ne vais pas y arriver. »
– Maximalisation et minimalisation : dans le cadre du stress, tendance à sur-estimer les échecs, à sous-estimer les réussites.
Ex : «Là, c’était trop facile. Tout le monde pouvait le faire.»
– Généralisation : généralisations abusives.
Ex : « la dernière fois, c’était une catastrophe. Ca se passe toujours mal »
– Tout ou rien : dans le cadre du trac, par exemple, ne penser qu’en terme de réussite.
Ex : «tout ce que je vais dire est complètement inintéressant»
– Déduction abusive ou sélective : tendance à ne retenir que ce qui sert l’idée anxiogène ou stressante, en le sortant de son contexte.
Ex : « A un moment, ila regardé le plafond. Ce que je disais ne l’intéressait pas.»
– Personnalisation excessive des événements : ramener les événements à soi.
Ex : «C’est de ma faute s’il n’a pas compris.»
Dans le cadre d’une préparation à une prise de parole, il convient de remettre en cause les croyances limitantes intégrées dans les expériences de vie, l’éducation, les différents modèles observés et de discuter le discours intérieur catastrophiste en proposant une lecture plus rationnelle de la réalité.
3) Prise de parole et objectifs
Pour une bonne partie de la population ayant à souffrir de trac ou d’anxiété lors d’une présentation orale, la notion d’objectif est importante. Dans de nombreux cas, si bien sur elle ne se résume pas à cela, un des composants essentiels du trouble est très fréquemment l’anxiété de performance. La « peur de ne pas être à la hauteur ». Elle est souvent manifeste. Mais on ne se demande que très rarement : « à la hauteur » de quoi, de qui ? En matière de performance, l’objectif est important. Adapté, il porte et encourage la performance, inadapté, il torpille la performance. Et en matière de trac, l’objectif est souvent inadapté, car irréaliste ou flou (ou les deux).
x Absolu et insatisfaction
En discutant avec des personnes après une performance, on remarque assez vite une certaine insatisfaction : « J’aurai pu faire mieux », « Oui, j’y suis arrivé, mais c’était facile »… « J’étais pas au top »… Bref, phénomène étrange, qui fait qu’on ne se satisfait pas de ses réussites, en en voulant toujours plus. Une espèce de quête ultime, absolue mais hélas pour le bien-être, désespérément virtuelle.
x Comment se phénomène se construit ?
Quelques idées :
Ces schémas sont sociaux et culturels : « toujours plus jamais assez » pourrait être la devise de quelques millions de personnes. L’entraîneur de foot braillant, vociférant sur la touche ou le prof de latin et son « peut mieux faire » à quelqu’un qui a des notes honorables, participent au phénomène. Et comme quelques-uns, s’ils ne sont pas dégoûtés par le foot ou le latin, réussissent (malgré tout) a être performant, cela conforte tout ce petit monde dans ces schémas. « Tu vois, il y arrive, j’ai eu raison d’être exigeant. » Il y a là une erreur d’analyse, car ceux qui réussissent ne le font pas grâce à ces schémas, mais malgré ceux-ci et au regard de leurs qualités et ressources personnelles.
L’entourage familial apporte sa pierre à l’édifice. Cela peut se passer comme ça : un enfant fait un dessin et va le montrer à un de ses parents.
1) Si le parent fait un compliment, cela encourage l’enfant à dessiner et à développer ses compétences. Tout cela nourrit la confiance en soi.
2) Si le parent n’apporte pas d’appréciation un tant soit peu positive, ne dit rien ou critique, l’enfant va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez. Il va améliorer son dessin – ne va pas avoir de compliment – va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez – améliorer son dessin – ne pas avoir de compliment – va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez… Le compliment devient virtuel, absolu. Et la quête d’absolu peut durer longtemps.
Dans le domaine des productions orales, on se trouve donc assez souvent au contact de personnes en recherche de cet absolu, par définition inaccessible. Ils n’obtiendront pas le compliment attendu mais aussi, effet secondaire et pernicieux, ne jugeront pas recevables les compliments des observateurs qui sont eux, parfaitement réels mais bien fades au regard de la quête du St graal : « non, c’est rien », « c’était facile, tout le monde peut le faire ». En résumé, il y a donc recherche par nature insatisfaisante et génératrice d’anxiété d’un compliment virtuel, au détriment d’autres compliments, informations réelles et fondatrices de l’estime de soi et la confiance que le sujet s’accorde.
x Lacune « objectivale »
Dans ce climat d’insatisfaction chronique, l’objectif établi avant une performance orale, risque fort d’être également absolu et inaccessible. certains se disent par exemple : « il ne faut que je bafouille du tout ». le projet est innacessible et dès qu’un mot accroche légèrement, c’est la catastrophe, l’objectif s’effondre en même temps que l’orateur. Ce type d’objectif représente tout le contraire de ce que doit être un objectif générateur de performance. Il est alors tout à fait normal et naturel d’appréhender, de mettre en place des stratégies d’anticipation anxieuse ou d’évitement, de se découvrir des inhibitions et blocages divers au moment de gravir un « Everest personnel ».
Cette lacune « objectivale » de la performance dans le trac est intéressante car recadre le débat dans le réel. Le relevé des distorsions opérées par le sujet, établit d’autre part une esquisse de la genèse de son anxiété, facteurs sociaux et familiaux…
Critères d’un objectif non anxiogène
1. L’objectif doit être important pour la personne et celle-ci doit considérer la réalisation de l’objectif comme salutaire. Pour ce qui nous préoccupe ici, la mutation cognitive est importante, un objectif modeste, diminuera l’anxiété de performance et paradoxalement, augmentera la qualité de la dite performance : « il est important pour moi d’avoir un objectif moins exigeant. C’est ainsi que ma prestation sera de qualité satisfaisante ». Si cette « mutation » est en place, l’investissement sera important.
2. Le paragraphe précédent entraîne que l’objectif doit être accessible, c’est-à-dire, susceptible d’être atteint, réaliste et réalisable. Chaque objectif atteint motive et impulse de l’espoir dans la capacité à évoluer, changer.
3. Un objectif doit être concret, précis et comportemental : ces critères sont importants, car ils permettent de vérifier que l’objectif a été atteint. « être parfaitement bien » ou « donner un sens à ma vie » sont des objectifs flous, imprécis et par nature insatisfaisants car toujours perfectibles. Alors, aucun progrès n’est vérifiable.
4. Centration sur le début plutôt que sur la finalité. Un objectif doit décrire les premières petites étapes accessibles plutôt qu’une finalité absolue. « Pour être calme à cette réunion, je dois d’abord… »
5. Ne pas mésestimer la dureté de l’objectif. Reconnaître sa difficulté :
– La déception sera moins forte en cas de non-réussite de l’objectif
– La satisfaction sera importante en cas de réussite.
Mettre en place un objectif de ce type n’est aucunement un pis-aller mais un challenge dans le cadre de la prestation orale.
6. Ecologie : on devra toujours vérifier si la satisfaction de l’objectif ne provoquera pas des effets secondaires indésirables, conscients ou inconscients qui viendraient bloquer la démarche. En effet, si la personne réussit son intervention, elle va accéder à un autre statut, dont elle peut par exemple avoir peur. il peut donc y a avoir un intérêt inconscient à se saborder.
7. Examen et développement des ressources. il est nécessaire d’identifier et de mettre en place les ressources nécessaires à la résolution de l’objectif : apprentissages, développement de compétences, exposition en imagination,…
DIMENSION COMPORTEMENTALE
a) Les comportements anxieux dans la prise de parole
Les manifestations corporelles, les émotions ressenties, les croyances et les pensées alarmistes génèrent des comportements anxieux qui viennent parasiter la performance orale.
1) Inhibition : face au danger, on perd ses moyens. Le sujet, coupé de ses ressources ne peut s’adapter. Désorganisé, ses comportements vont tendre vers deux extrêmes, tout aussi dysfonctionnels l’un que l’autre.
– Ralentissement voire blocage des compétences : l’application, extrême, devient immobilisme. Les capacités du sujet sont fortement altérées : langage oral, capacités logiques, capacités psychomotrices, compréhension, attention portée aux autres, au monde extérieur…
– Accélération, fébrilité : le sujet ne contrôle plus ses compétences, qui s’emballent : précipitation, débit verbal, erreurs logiques, actes inconsidérés, voire agressivité.
Les comportements répondant au stress d’une production orale sont variés. Les trois comportements suivants ont par contre des points communs :
– Il apportent une réassurance, relative, à court terme
– Ils participent au développement de l’anxiété à moyen et long terme.
2) L’évitement : c’est le comportement anxieux par excellence. On évite la situation anxiogène (peur d’avoir peur). Le bien-être est de courte durée, puisque la situation n’en devient que plus appréhendée encore. Le sujet ne développe pas ses compétences à vivre et supporter la situation.
Qu’est-ce qui fait peur ?
Ce n’est pas la réalité qui fait peur mais l’image que l’on s’en fait (on dit d’ailleurs, « s’en faire toute une montagne ») La situation imaginée est toujours plus terrible que la situation réelle. Comment se rassurer si on ne vérifie jamais que les craintes sont fondées ou non. C’est la un paradoxe : la situation appréhendée n’a jamais été réellement vécue, donc évaluée du point de vue de sa réelle dangerosité. Le comportement d’évitement, loin de soulager la peur, en est le premier « carburant ». On a confiance que dans ce qu’on connaît. Et pour connaître, il faut avoir pu rencontrer.
L’échappement : « cousin » de l’évitement. Comportement qui survient lorsqu’une situation n’a pu être prévue. La panique monte, le sujet se soustrait à la situation en cours, responsable de son malaise (ou prétendue responsable)
3) L’hyperactivité : face à la peur, l’envie est forte de contrôler. L’hyperactivité représente assez bien ce que l’on nomme illusion de contrôle. Face au vide de l’inquiétude, on comble de manière illusoire, en s’agitant, en brassant désespérement de l’air. Le débit verbal, la dispersion du discours, l’extrême mobilité viennent nuire à la présentation orale.
4) Vérification : voisine de l’hyperactivité, autre illusion de contrôle, le comportement vérificateur, voire ritualisant. Plus on vérifie, plus on doutera de soi la fois suivante. Là encore, une grosse quantité d’énergie est utilisée, dans des actions répétitives et parasites comme de relire 150 fois le discours du lendemain. Dans un état second, le sujet vérifie, mais pris dans la tourmente, n’ancre pas les bénéfices de cette vérification. Il doit recommencer. Là encore, le comportement ne soulage que peu la peur et chronicise les comportements futurs.
b) Règles comportementales
Dans le domaine comportemental, il convient d’aider la personne à pratiquer, à mettre progressivement en place les compétences nécessaires.
x Les trois règles d’or :
1. L’anxiété baisse si on prolonge l’exposition.
L’anxiété monte puis stagne, puis baisse. Il n’y a pas de bénéfice à l’exposition si on quitte la situation pendant la montée (échappement) mais augmentation de l’anxiété relative à la dite situation.. Pour qu’il y ait habituation (diminution et/ou disparition du conditionnement anxiogène), il est nécessaire de quitter la situation quand l’anxiété se réduit et/ou a disparu. Le trac du à la performance orale atteint son maximum en une dizaine de minutes puis baisse.
2. Le degré maximal d’anxiété baisse si on répète les expositions.
Si on répète une situation, elle est de moins en moins anxiogène. Les bons orateurs sont assez fréquemment des orateurs chevronnés, tout simplement.
3. La durée de l’anxiété baisse si on répète les expositions.
Si on répète une situation, le degré d’anxiété revient de plus en plus vite à la normale.
w Quelques règles de pratique
Voici quelques autres règles importantes en matière d’exposition :
1. Commencez par ce qui vous pose le moins de problème (établissez une hiérarchie des situations anxiogènes)
2. Préparez l’exposition en imagination
3. Ne pas quitter une situation en étant dans un état de panique. Attendre que la panique passe, attendre que les symptômes soient redescendus
4. Si on fuit une situation, la peur augmente la fois suivante. Si on reste dans la situation, la peur sera moins forte la fois suivante. La deuxième fois est plus facile.
5. Exposez-vous au moins 15 minutes. Donnez-vous la chance et le bonheur de voir l’anxiété diminuer et les symptômes descendre. Vous serez victorieux et heureux.
6. Ne vous précipitez pas, remettez en cause vos pensées, respirez calmement et légèrement.
7. Gardez à l’esprit que quand on tolère un phénomène anxieux, il ne se produit pas.
8. Consacrez vous à l’ici et maintenant, soyez dans le présent, dans ce que vous êtes en train de faire.
9. Répétez une exposition jusqu’à ce qu’elle ne vous pose plus de problème. Puis passez à une autre située à sa suite dans la hiérarchie des situations anxiogènes.
10. Prenez le temps de vous féliciter et de vous reposer après une exposition et avant la suivante.
11. Faites un compte-rendu d’exposition (notez ce qui a été satisfaisant, les points qui restent à améliorer).
ELEMENTS DE COMMUNICATION
En plus des thèmess déjà abordés, voici quelques éléments de communication :
1. Corps et gestes
– Le regard : il crée le contact. Le contact visuel doit donc s’établir en se posant sur les différentes personnes.
– Les gestes : ils sont ouverts (accueil) et aériens (énergie).
– Varier son expression corporelle : éviter d’être statique ou rigide.
2. Etat d’esprit
– Laisser aller les émotions pour s’appuyer dessus, être soi-même.
– Utiliser l’humour.
– Transmettre de l’énergie (donner pour recevoir).
3. Rythme
– Etre bref, construire des phrases courtes, aisément compréhensible et aisément assimilables.
– Faire des pauses, laisser le groupe respirer, réfléchir, trouver lui aussi son rythme.
4. Dialogue
– Reformuler les questions pour être sur(e) d’avoir bien compris et effectuer des pauses de synthèse.
– Encourager les questions, les observations.
– Rendre concret le contenu (exemples, images…).
– Se mettre à la place de l’auditoire.
5. Structure
– Ouvrir le cadre : présenter ce que vous allez dire (“où on va” et “comment on y va”)
– Commencer par ce que le contenu va apporter à l’auditoire, intérêt et bénéfices. S’adapter aux motivations du groupe pour le rendre réceptif à ce qui suit.
– Développer une notion, une idée à la fois.
– Remercier l’auditoire de son attention.
Auteur : J. Boutillier, enseignant international en communication, certifié en coaching, hypnose ericksonienne et PNL, auteur de Prendre la parole en public.
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