Fibromyalgie / DOSSIER

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Par J. Boutillier, auteur de Fibromyalgie et fatigue chronique, méthode d’auto-traitement

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Définition

La fibromyalgie

Ethymologiquement issu de fibro = fibre  + myo = muscle + algie = douleur).

Le terme de fibromyalgie est assez récent. Ce syndrôme est également désigné par :
– le rhumatisme des tissus mous
– la fibrosite
– la myalgie
– le syndrome de point de pression
– le rhumatisme non articulaire.
– la polyenthésopathie
– polyinsertionite
– le syndrome polyalgique idiopathie diffus

Cette diversité (non exhaustive !) des termes montre le flou dans lequel ont évolué les personnes souffrant de ce syndrome pendant des années (voire plus puisqu’on retrouve des évocations datant du début du 19ème siècle). Flou regrettable ayant nuit au diagnostic et à la prise en charge de ce syndrome, alors que la fibromyalgie dans sa diversité correspond malgré tout à une entité bien précise.

pubfibroLe terme de syndrome, employé pour la fibromyalgie se définit par un ensemble de signes et de symptômes :

 

 

Critères de l’American College of Rheumatology de 1990

1) Histoire de douleur diffuse : douleur du côté droit et du côté gauche du corps, en dessous et au-dessus de la taille et douleur du squelette axial (rachis, paroi thoracique antérieure).

2)
Douleurs chroniques évoluant depuis plus de 3 mois .


3) Douleur à la palpation digitale de 11 à 18 points suivants :

sc1– sous occipitaux
– rachis cervical inférieur (espaces intertransversaires C5 – C7)
– bord supérieur du trapèze – jonction chondrocostale
des deuxièmes côtes
– insertion du sus-épineux au niveau du bord interne de l’épine de l’omoplate.
– épicondyle
– grand trochanter
– quadran supéro-externe de la fesse
– en-dessous de l’interligne interne du genou (patte d’oie)

Signes associés majeurs quasi constants :

– raideur matinale
– troubles du sommeil
– fatigue générale
– fatigabilité musculaire

Autres signes associés :
– Paresthésie des extrémités
– Sensation subjective de gonflement des extrémités
– Colopathie fonctionnelle (50 à 80 % des cas)
– Céphalées de tension ou migraines
– Troubles anxio-dépressifs ou antécédents dépressifs
– Troubles uro-gynécologiques (mictions impérieuses, dysménorrhée, dyspareunie)
– Syndrome sec (15 à 30%)
– Syndrome de Raynaud
– Troubles auditifs, visuels, vestibulaires cognitifs (difficultés de mémoire et de concentration)
– Douleurs régionales atypiques (thoraciques, pelviennes)
– Palpitations, prurit chronique, impatiences et crampes dans les membres inférieurs
– Dysfonction de l’articulation temporo-mandibulaire.
 

 

Quelques chiffres

La fibromyalgie représente :
– 2 à 5 % des consultations de médecine générale
– 10 à 20 % des consultations rhumatologiques.
– 2 % de la population (3,4 % des femmes et 0,5 % des hommes). Ce qui correspond environ à 10 femmes atteintes pour 1 homme.

TABLEAU des signes et symptômes associés (Wolfe 1990)

Signes et symptômes associés
% des patients
Douleur partout
97,6
Sensibilité aux points sensibles
90,1
Fatigue
81,4
Raideur du matin
77
Sommeil perturbé
74,6
Paresthésies 
62,8
Mal de tête 
52,8
Anxiété 
47,8
Histoire de dysménorrhée
40,6
Symptômes sicca 
35,8
Dépression précédente 
31,5
Syndrome d’intestins irritables 
29,6
Urgence urinaire 
26,3
Syndrome de Raynaud 
16,7

 

« C’est dans la tête ma bonne dame!! » Réflexions préalables

pubfibroAvant d’exposer les facteurs qui me semblent pertinents dans l’approche de la fibromyalgie et les ressources à mettre en place, j’aimerais apporter quelques précisions sur le point de vue adapté à mon sens dans l’approche de ce type de difficultés.

J’ai été psychothérapeute de longues années. J’ai ensuite supprimé le préfixe « psy », pour opter en faveur du terme « thérapeute ». Cela peut sembler étonnant à l’heure où certains se battent comme des chiffonniers pour l’obtention du titre de « psychothérapeute » mais cette redéfinition permet d’installer la relation thérapeutique sur le juste territoire. Et tout le monde est plus à l’aise et compétent ainsi.

Rossi écrit : « L’esprit et le corps représentent deux aspects d’un seul et même système d’information : la vie »

C’est effectivement se compliquer la vie que de séparer le corps et l’esprit. On déstructure un système ou 1 + 1 = 3, c’est-à-dire le corps, l’esprit et leurs interactions. Sans entrer dans des détails et termes trop scientifiques, l’élément primordial est effectivement l’information (et son traitement). La psychologie, la biologie, la physique, la génétique ou toute approche humaine ont un dénominateur commun : l’information.

« Toutes les formes d’organisation sur le plan psychologique, physique et biologique, sont en fait des expressions de l’information et de ses transformations » (Stonier)

Alors dans le cadre de la fibromyalgie, les manifestations vont consister en un réseau complexe d’informations qui génère assez souvent par exemple l’hyperactivité du système nerveux sympathique ainsi qu’une hypervigilance anxieuse. Bien que les manifestations soient différentes, il s’agit en fait du même phénomène, sorte de fausse alarme de l’individu à des niveaux et degrés divers : tout s’emballe, du système nerveux à la vigilance psychologique et évolue en inter-relation. Ceci est tout à fait normal et cohérent. Il n’y a pas par exemple d’un côté des douleurs musculaires et de l’autre de l’hypochondrie (ce qui de plus constitue une erreur de diagnostic). Tout cela constitue une boucle systémique.

Il n’est donc pas nécessairement besoin de couper en rondelles des niveaux de traitement de l’information pour les aborder (c’est peut-être d’ailleurs là en perdant la structure de l’information, qu’on se fourvoie). Pour reprendre mon exemple du paragraphe précédent, les deux manifestations sont inconscientes et bien malin celui qui pourrait les placer dans l’une ou l’autre partie de la personne (psyché ou soma). Quand un soignant déclare « C’est dans la tête ma bonne dame », il s’installe dans cette dichotomie illogique, se déculpabilise certes, psychologise le débat et au mieux en arrive à… culpabiliser le patient.

Ces aspects ont pour effet pernicieux de fermer une partie de la population à des démarches qu’elles présupposent psychologiques alors que la globalité de la personne est à envisager. C’est ce qui va être proposé dans ces pages.

Biologie du temps et dérèglements

Pour expliquer nombres de manifestations symptômatiques de la fibromyalgie et de la fatigue chronique, il est entre autres nécessaire d’aborder les cycles naturels de l’être humain.

Ernest Rossi , psychologue élève de Milton H. Erickson a adapté au champ de la thérapie psycho-corporelle le cycle ultradien, découvert en 1957 par Dement et Kleitman. Derrière ce nom barbare se cache un phénomène naturel. Ultradien signifie simplement « plus d’une fois par jour », alors que circadien signifie « une fois par jour ».

sc1

Selon ces découvertes, le corps et l’esprit fonctionnent selon un rythme activation/repos de 90mn-20mn environ.

Tout un chacun peut prendre conscience de ces rythmes au cours de la journée : on est actif, efficace, puis on vit un moment différent où le niveau de l’activité baisse (on relit par exemple trois fois de suite la même phrase). Il s’agit du réflexe de régénération ultradienne, moment naturel ou on récupère physiologiquement et psychologiquement avant de repartir.

Dans le cadre de la fibromyalgie, il y a nivellement de cette alternance. Le niveau d’activité, schématique, est matérialisé en rouge dans le schéma ci-contre.

sc2

On observe des personnes qui n’arrêtent jamais (comme ces maîtresses de maison qui débarrassent la table et vont faire la vaisselle alors que vous n’en êtes qu’à l’île flottante). L’activité n’est pas nécessairement optimale, mais permanente, sorte de ronronnement actif immuable. Il n’y a plus (ou peu) de cycles marqués, d’alternance activité/repos. Ce dérèglement a quelques conséquences :

  • Fatigue chronique : la personne se retrouve un peu dans la situation d’un sprinter auquel on demanderait de courir un marathon. Il court tout le temps, mais plus lentement, perd sa réactivité, de son explosivité (hypotension) et va découvrir de nouvelles parties de son corps à travers différentes douleurs et courbatures.
  • Déréglement des cycles et de la qualité du sommeil qui vient nourrir la fatigue chronique : les cycles ultradiens que nous venons de présenter se continuent pendant la nuit. Il s’agit de ce que l’on nomme communément les cycles du sommeil. Ces aspects complémentaires sur le sommeil et les cycles du sommeil sont développés dans le paragraphe suivant.

     

Fibromyalgie et sommeil

Voici une présentation du sommeil et de ses différents stades.

1.  Les différents stades naturels du sommeil

Pour s’endormir, quelques conditions sont requises :
– repli physique
– température adaptée
– baisse des stimulations sensorielles et psychiques

sc3

Les ondes bêta, ondes de l’éveil se transforment en ondes alpha (somnolence ou relaxation, entre veille et sommeil).

Endormissement : les ondes alpha disparaissent, remplacées par des ondes « thêta » aux pulsations ralenties. Cette phase dure environ 10 minutes.

Sommeil léger : ce stade dure 20 minutes environ. Le rythme de l’électroencéphalogramme est plus lent, avec la présence d’ondes sigma.

Sommeil profond : cette phase dure environ 10 minutes. Les ondes sont encore plus ralenties (1 à 3 par seconde). Ce sont des ondes « delta », de grande amplitude. C’est le sommeil de la récupération physique.

Sommeil très profond : cette phase dure environ 60 minutes. Les ondes sont très régulières et ce sont toujours des ondes delta. Les fonctions vitales sont au plus bas. C’est le sommeil de la récupération physique.

Sommeil paradoxal : phase des mouvements oculaires, avec atonie complète. C’est la phase des rêves. On retrouve alors les ondes alpha. Cette phase dure de 5 à 15 minutes.

Toutes ces phases constituent un cycle. Il y a aura 4 à 6 cycles par nuit. Le premier cycle dure de 90 à 120 minutes. Les cycles suivants sont de plus en plus courts.
 
2. Les dérèglements du sommeil dans la fibromyalgie

sc'$

Dans le cadre de la fibromyalgie, il y a dérèglement de ces différentes formes d’ondes (alpha et delta principalement). Les ondes alpha (réveil ou sommeil léger) s’imposent au moment du sommeil profond (ondes delta). Le sommeil n’est donc pas suffisamment récupérateur et réparateur. Il est d’ailleurs à noter que si l’on perturbe volontairement le sommeil de personnes en leur interdisant le sommeil profond et très profond, on obtient chez ces sujets des symptômes de type fibromyalgie.

La perturbation du sommeil provoque différents facteurs menant au syndrome :

– La mauvaise qualité ou l’absence du sommeil très profond entraîne un abaissement du seuil de la douleur.
– La mauvaise qualité ou l’absence du sommeil très profond entraîne une hypersensibilité aux stimuli internes et externes.
– La mauvaise qualité ou l’absence de sommeil très profond entraîne une mauvaise récupération, une fatigue chronique.
– La mauvaise qualité ou l’absence de sommeil très profond entraîne une augmentation de la tension nerveuse.

Ces éléments, comme tout stresseur produisent chez l’être humain des réponses d’adaptation qui suivront le schéma suivant :
 
 

1) Activation et alarme – 2) Résistance – 3) Epuisement et émergence du syndrome fibromyalgique.

En ces termes, la fibromyalgie pourrait être considérée comme un trouble chronique du sommeil réparateur, les troubles du sommeil quittant le statut de symptôme pour celui de cause éventuelle du syndrôme.

Cercle vicieux : a à la lecture de ces quelques paragraphes,  un des processus prépondérant dans le cadre de la fibromyalgie apparait. Les cycles activation / repos sont malmenés pendant la journée. Le nivellement initié se continue pendant la nuit, les cycles ne sont plus marqués, le sommeil profond disparait plus ou moins. Que ce soit à l’état de veille ou de sommeil, les moments de récupération physique et psychique sont instaisfaisants, voire absents, ce qui nourrit la fatigue encore plus etc…Comment malmène-t-on ses rythmes naturels?

Le scénario

pubfibroou stratégie pour déstructurer ses cycles naturels) peut être décrit comme suit, en quatre phases :

(Inspiré des travaux de Ernest Rossi sur les cycles ultradiens). 

 

1) Il est temps de faire une pause : le corps et l’esprit rappellent gentiment qu’il y a un besoin de faire une pause.

Cela se matérialise à travers différentes manifestations

– Besoin d’étirer ses muscles, de se dégourdir, de s’arrêter.
– On hésite, on remet les tâches à plus tard, on se sent plus ou moins incapable de continuer ce qu’on était en train de faire.
– On sent que le corps se crispe et se fatigue.
– On a faim, envie daller aux toilettes…
– On est dans la lune, on se laisse distraire, on a beaucoup de mal à se concentrer.
– On peut être déprimé ou vulnérable.
– On rêvasse, on peut avoir des fantasmes divers.
– On a des problèmes de mémoire, on n’arrive pas à se rappeler de ce qu’on a sur le bout de la langue.
– On commet des fautes (d’inattention, de frappe, d’orthographe…)
– On ne donne plus son plein rendement. 
A ce moment là, selon le contexte et de nombreux autres facteurs, deux options vont se présenter : 

– Cet ensemble de manifestations mène une partie de la population humaine à s’arrêter : le système nerveux va se rééquilibrer, les toxines s’éliminer, l’esprit trier et ordonner et comprendre autrement les informations. Bref, le sujet récupère, élimine, trie, classe et comprend.  

– Une autre partie de la population ne s’arrête pas, mais continue : obsédé par la tâche à accomplir par exemple, le sujet ne remarque pas les premiers signes ou alors se force à continuer. Déjà, quelque chose a changé, dans le système limbique-hypothalamique, les molécules envoient des signaux d’alarmes un peu partout.  

2) L’euphorie hormonale : l’être humain est à la base bien constitué. Pour répondre a des stress ou demandes d’adaptation, le corps et l’esprit ont des ressources qui datent de nos ancêtre primates.

Il s’agit de ressources pour faire face à un danger, une situation d’urgence : les réflexes nerveux sont aiguisés, la vigilance augmente, le rythme cardiaque accélère, l’oxygène apportée au muscles augmente pour préparer les muscles à l’effort.  

Mais les stress de l’homme moderne ne répondent pas aux critères de ceux vécu par le primate : ils ne constituent pas des agressions réelles et ponctuelles. Les demandes d’adaptation appartiennent aujourd’hui au domaine psychologique (c’est par exemple la peur de perdre son emploi qui a fait place à la bataille avec un prédateur pour la survie) et de nature chronique (l’agression n’est plus courte et circonscrite mais constante).  

Aidé donc par le flot d’hormone (adrénaline, bêta-endorphine) généré pour s’adapter au stress, le sujet se sent bien, voire euphorique : alerte, plein d’enthousiasme, créatif… Pendant un certain temps, la personne a effectivement l’impression de fonctionner à plein régime. Au même titre que pour le dopage ou l’alcool, il peut même y avoir intoxication ou assuétude.  

Dans cette deuxième phase, les manifestations pourront alors être de cette ordre :

– Comportement agité

– Hyperactivité

– Maniaquerie

– Actes rapides accomplis sous pression

– Irritabilité, impatience, éclairs de colère

– Narcissisme, égocentrisme

3) La machine se détraque : les réserves destinées à un effort court, s’épuisent. Mais le sujet continue quand même, boosté par ses hormones, il ne remarque pas les signes envoyés par le corps et l’esprit dans le sens d’un besoin de repos et de régénération. La machine se détraque donc, des erreurs se produisent.

L’énergie baisse, la personne perd ses facultés :

– Prédisposition aux accident, maladresse.

– Erreurs de jugement et mauvaises décisions.

– Multiplication des fautes.

– Problèmes de mémoire Lapsus, manifestations dyslexiques.

– Problèmes de compréhension (entre autres des plaisanteries).

– Mouvements d’humeur, d’impatience.

– Gaffes dans le domaine inter-personnel.

4) La révolte du corps : bouleversé par les exigences de la vie, le sujet continue malgré les différentes manifestation du dérèglement qu’il est en train de vivre. Ses réserves s’épuisent, c’est la porte ouverte à différentes troubles et pathologies, dont la fibromyalgie.

 

 La pause

Dans le cadre de la fibromyalgie et de la fatigue chronique, une des ressources va donc être :

– D’identifier les moments de repos.

– De réinstaller corps et esprit dans l’alternance naturelle activité-repos.

Pour accentuer les moments de pause et mobiliser les ressources de régénération qu’elle proposent, on peut s’accompagner d’un exercice adapté :

Ernest Rossi, psychologue élève de Milton H. Erickson a adapté au champ de la thérapie psycho-corporelle le cycle ultradien, découvert en 1957 par Dement et Kleitman. Selon ces découvertes, le corps fonctionne selon un rythme activation/repos de 90mn-20mn environ.

Pendant ces consultations, Erickson avait découvert ces moments de transe naturelle chez ses patients, et pouvait tenir inlassablement un discours parfaitement ennuyeux jusqu’au moment « m » ou le sujet, consciemment ailleurs se trouvait plus disponible à l’intériorité et à la suggestion inconsciente. L’induction hypnotique est une autre manière d’atteindre cet état naturel, « common every day transe ».

Ces cycles ultradiens correspondent à ceux du sommeil, qui se continuent naturellement et plus ou moins inconsciemment pendant la journée. Le creux ultradien sera cette période de 20mn ou l’état de conscience se modifie naturellement (rêverie, distraction, …). On trouve chez les personnes surmenées ou souffrant par exemple de fibromyalgie ou de fatigue chronique, une perturbation de ces rythmes. Le monde scolaire est également une bonne illustration du mauvais traitement infligé à ces périodes. A l’inverse, se recadrer dans ces rythmes apporte des bénéfices non-négligeables. Le but du jeu est de repérer ces rythmes et de faire une pause dans le creux, ce moment par exemple où on lit trois fois la même page sans rien comprendre, où on ne comprend plus vraiment ce qui est dit, où on se surprend à fixer un coin de table depuis un temps indéfini avec un air parfois blafard mais souvent absent. Autant s’arrêter pour se consacrer à soi.

Cette pause ultradienne, si elle est respectée et bien réalisée, apporte les bénéfices d’environ deux heures de sommeil. Vous pouvez découvrir un accompagnement de cette pause de régénération sur cette page : pause ultradienne

 

La mode des « hypers »

En préambule, entendons-nous bien :

– La médecine moderne accomplit une tâche extraordinaire

– Quand on est gravement malade, il est conseillé de consulter un médecin et de suivre le traitement prescrit.    

Les remarques faites ici ne concernent que le champs de la psychosomatique et tentent un éclarcissement de ce qui fonctionne peu ou mal.  Le but n’est pas de condamner ou de généraliser, mais de mettre en valeur une tendance que présente l’être humain. Les membres du corps médical sont des humains. Il est donc normal de trouver chez eux, de manière plus ou moins marquée, les caractéristiques et « travers » de l’homme moderne.  

Découvertes, technologie, outils : la science a pris possession de l’homme. Elle occupe, pour simplifier, la place qu’occupait l’église, les diverses croyances, avant elle. Son objectif est le progrès, au sens strictement scientifique, c’est-à-dire : recherche d’une compréhension et d’une domination du monde matériel plus approfondie. 

Cette tendance est normale et naturelle :
– L’homme moderne est logique, rationnel, objectif.
– Le scientifique ne peut être qu’une expression paroxystique voire caricaturale de ce phénomène.
Le médecin, appartenant aux deux groupes précédents (homme et scientifique), évolue dans un domaine de définition cloisonné voire limité.

Si le médecin repousse ces limites ou les ouvre, c’est une démarche personnelle différente, voire suspecte aux yeux de ses confrères et même de ses patients (qui sont des humains également). 

En matière psychosomatique, la démarche traditionnelle considérant le sujet comme une matière organique a vite montré ses limites. Ces insuffisances ont généré une autre médecine, celle-ci hyper psychologique.  Pour schématiser, la médecine offre à ce jour deux options :

Hyper organique : la matière sans l’esprit

Hyper psychologique : l’esprit sans la matière

pubfibroIl paraît évident que la solution est dans la réconciliation des deux, l’équilibre d’un individu (homéostasie) étant évidemment dépendant de sa dimension psychosomatique.   Et ce qui devait arriver arriva. Nous avons à présent le droit également à des hyper psychosomatiques, idéopathes dangereux prônant la résolution des conflits pour guérir de maladies graves, sans concessions.  Comme dans toute chose, la vérité est dans le champ défini par ces extrêmes. Pour celà, il convient donc de ne pas affirmer ce qui n’est pas vérifiable, mais aussi de ne pas limiter la thérapie afin que l’inattendu puisse se produire. Ce que l’on peut nommer ouverture d’esprit. Un thérapeute qui limite une thérapie se limite lui-même et fera une thérapie limitée. On a tout à fait le droit de ne pas savoir et d’attendre pour voir. Celà, outre l’humilité du thérapeute a l’intérêt de permettre au consultant de mobiliser toutes ses ressources.

 

La psychosomatique

Le premier somaticien (ou du moins en théorie) est Hippocrate dans l’antiquité grecque ( Vème siècle av J.C.) Il définit une médecine du corps et de l’âme qui a pour objet l’homme malade dans sa globalité, ceci comprenant sa psychologie et les événements de vie qui ont pu influencer son évolution. L’intervention thérapeutique doit rétablir un équilibre global, une harmonie.  

Même si les anciens semblaient nettement plus conscients de ces rapports, le XXéme siècle constitue une avancée dans l’étude et la mise en valeur des rapports psyché-soma. 

Psychanalyse : à partir de Freud, les psychanalystes, se penchent sur les rapports esprit-corps. Ce sont eux qui créent et utilisent le terme « psychosomatique ». Alexander (dès 1950), psychanalyste américain, développe les premières théories psychosomatiques, très basiques mais ayant le mérite d’exister (« le type de conflit détermine la pathologie »). D’autres s’essaient (Dunbar 1953), établissant des théories, mais sans grande valeur.  Ce mouvement ne remporte guère de suffrages ou de succès thérapeutiques.

Canon et Selye (de 1936 à 1976) : même si les connaissances scientifiques de l’époque étaient limitées, ils provoquent un pas en avant en créant et définissant le terme « stress » , syndrôme général d’adaptation. Pour eux, le stress (en gros les contraintes de l’environnement) entraine des modifications biologiques (le sujet doit s’adapter). Ce déséquilibre provoque troubles et pathologies. Selye étant biologiste, la caution scientifique est plus forte que pour la psychanlyse. Bien que se fourvoyant sur le chemin de l’information, ces travaux construisent les bases de la psychosomatique moderne d’où natron^t psychobiologie et neuro-psycho-immunologie.  

Médecine psychosomatique : elle se définit comme partant du psychisme pour aller vers le somatique.
Aux travaux de Selye, s’ajoutent :

– Événements de vie : échelle d’événements de vie éprouvants composée par Holmes et Rahe (1978) suite à des compilations  statistiques.

– Facteurs de vulnérabilité ou de résistance au stress : profil comportemental de type A ou coronarogène

– Stratégies d’adaptation : théorie du « coping » ou des stratégies cognitivo-comportementales d’ajustement par Lazarus (1980)  

Le sujet a donc avancé dans son appréhension scientifique, même si on peut penser que la définition d’hyppocrate soit la plus proche de ce que devrait être la démarche psychosomatique. Des études scientifiques fleurissent, mettant en rapport un lien corps-esprit mais impliquant ainsi également que les deux existent séparément, pour communiquer quand ça va mal d’une manière ponctuelle et aléatoire. Hyppocrate parlait lui de globalité, non d’une partie de ping pong occasionnelle. La psychosomatique a connu un grand boum, mais ce développement scientifique n’a hélas pas eu une grosse influence sur le quotidien des prises en charge médicales. La psychosomatique existe donc, mais où, avec qui et quand et comment.

Psychobiologie – Erickson, Rossi

Le terme de psychobiologie correspond ici aux progrès et découvertes mis en place par l’émergence de l’hypnose ericksonienne, non aux errements divers que des gourous en tous genres peuvent mettre en place actuellement.  Au début des années 50, Milton Erickson a réintroduit l’hypnose dans le domaine thérapeutique, une hypnose ouverte, non-directive. Dans son sillage, quelqu’uns de ses élèves, dont Rossi, ont continué son travail et générant un renouveau important dans le champ de la psychosomatique. Rossi effectue un travail considérable dans ce domaine, aidé des progrès et études de la neurobiologie (étude des neuro-transmetteurs qui font la liaison corps-esprit). Depuis peu, la psycho-neuro-immunologie apporte les bases scientifiques de cette approche, jusque-là essentiellement empirique. 

L’esprit et le corps représentent deux aspects d’un seul et même système d’information : la vie » (Rossi)

Sans entrer dans des détails et termes trop scientifiques, l’élément primordial de ces avancées est l’information (et son traitement). la psychologie, la biologie, la physique, la génétique ou toute approche humaine ont un dénominateur commun : l’information.

Toutes les formes d’organisation sur le plan psychologique, physique et biologique, sont en fait des expressions de l’information et de ses transformations » (Stonier)

 

Le stress

Issu du latin Strictus : serré, pressé (en anglais : contrainte, tension). 

La première définition (avant que le terme stress ne devienne synonyme de tension, pression, angoisse permanent) est biologique ou physiologique : « réponse de l’organisme à une agression « 

– agression physique : blessure, douleurs diverses, choc opératoire, …

– agression psychologique : situations alarmantes, menaçantes.

Le stress est donc une réponse en fonction d’une exigence : s’adapter pour  garder l’équilibre. C’est en ce sens que le Stress, depuis 1956 (Hans Selye) est défini comme Syndrome Général d’Adaptation (S.G.A.). Le stress constitue donc un phénomène construit sur une 

Facteurs de stress

Le stress fait partie de la vie. Evitables ou non, les facteurs de stress sont multiples. Chocs, agressions, changements, conflits, environnement hostile, surcharges ou déséquilibres… sont autant de demandes d’adaptation auxquelles le sujet répond avec plus ou moins de réussite dans le présent, avec plus ou moins de conséquences sur son équilibre futur. 

1. Les chocs : « traumatismes créant une perturbation dans l’organisme ». Le choc, par excellence est émotionnel : un événement ou une situation nouvelle surgit dans l’existence du sujet.

Exemples : deuil, blessure, maladie grave, séparation brutale, perte d’un emploi, agression, accident, disparition. 

2. Les passages : changements dans la vie de l’individu ayant un caractère social ou psychologique. L’individu doit composer avec une image de lui-même, un domaine de définition, qui, plus ou moins brutalement ne correspondent plus à ceux qu’il avait peu à peu élaborés : rupture, dysharmonie du sujet avec lui-même. 

Exemples : passage de l’enfance à l’adolescence, éloignement d’un parent, passage de l’adolescence à l’âge adulte, entrée dans la vie active, changement d’école, naissance d’un enfant, déménagement, départ d’un enfant.

3. Hyper-stimulation ou hypo-stimulation : l’individu est sollicité à outrance dans différents contextes, ou au contraire délaissé. Situation du cercle vicieux : risques de chronicisation, dysharmonie latente du sujet avec les autres et son environnement.

Exemples : conflits personnels, problèmes familiaux, conflits professionnels, solitude affective, grosses charges de travail, isolement, endettement, désintérêt professionnel.

4. Facteurs événementiels : des événements, même s’ils sont heureux ou du moins prévisibles sont des agents stressants.

Exemples : réunions, entretiens d’embauche, prise de parole, achats importants, mariage, fêtes, naissance, premières rencontres.

5. Le sujet et son environnement : les facteurs environnementaux peuvent également constituer un stress.

Exemples : bruit, manque de politesse, voisinage, pollution, promiscuité professionnelle, suspicion, défauts d’hygiène, manque de pudeur.

 

Transduction

Le terme de transduction désigne le processus de transformation de l’organisation de l’information, ou sa conversion d’une forme à une autre.

La transduction est par exemple le procédé qui transforme la suggestion hypnotique, la concrétise en un changement.

Concrètement, nous vivons des événements que nous encodons, nous stockons en les convertissant. Pour cela, nous utilisons les molécules messagères (cortisol, endomorphine, hormone de croissance, insuline, testostérone…) issues de toutes nos cellules.

Le psycho-soma est considéré comme un vaste réseau d’information ou tous les systèmes communiquent, imbriqués les uns dans les autres, en inter-relation (génétique, immunologique, hormonal…). Cet encodage est stocké dans le système hypothalamo-limbique du cerveau. 

Ce système est au centre de la communication de l’information, schématiquement entre le stress et les réponses immunitaires. 

Somatisation et symbolisation

Selon l’état psychologique, émotionnel du sujet, il peut alors y avoir deux processus :

– L’information est traduite, transmise, le sujet s’adapte de manière appropriée.

L’information n’est pas traduite, transmise, le sujet s’adapte de manière inadaptée à son bien-être.

pubfibroUne répétition de stress va entraîner une altération durable des encodages. Le symptôme psychosomatique est alors stocké de manière erratique comme LE phénomène d’adaptation.

Ainsi, même si le stress a disparu, la réponse d’adaptation, symptôme psychosomatique, reste et s’installe comme LA réponse.

L’hypnose thérapeutique se penche sur ces phénomènes de traitement de l’information, tous ces processus psychobiologiques naturels de transduction de l’information, de la mémoire, des apprentissages et des comportements en étroite relation avec l’état émotionnel du moment.

Et l’état hypnotique est un moment privilégié de contact avec ces processus, moment où affleurent et sont accessibles ces mécanismes complexes qui convertissent l’information psychologique à un niveau somatique.L’hypnose est un outil de réorganisation psychosomatique puissant, permettant un apprentissage de la symbolisation : le symptôme se dégage du somatique, redevient symbole. La pensée peut s’organiser.

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